Présentation des personnages
Les noms des personnes et sociétés évoqués dans cette histoire
vraie ont été changés.
Les héritiers Renault : une fratrie endeuillée.
Marjorie Cabanos : la trentaine, une jeune maman qui
travaille dans la communication (nous dit-on).
Jean Luc Flemmard : Présenté comme le
"parrain de Marjorie Cabanos". Dirigeant de la société Immo Futur qui
traine déjà quelques casseroles derrière elle : Marchand de
bien.
Lucien Parpaing : Promoteur ET agent immobilier à La Rochelle, un acteur important du marché
local.
Nous avons, ma compagne et moi, acheté en 2019 une maison sur La
Rochelle. La maison voisine de la notre était possedée par une
dame âgée que nous n'avons pas eu la chance de connaître
puisqu'elle était en EHPAD à la date de notre emménagement et
est décédée quelques mois plus tard.
Ses héritiers ont donc procédé à la vente de sa maison. Si vous
connaissez La Rochelle, vous n'êtes pas sans savoir que le
marché immobilier est “tendu” : les biens sont
rares et la demande est forte si bien qu'ils partent vite et à des
prix élevés.
Nous avons nous mêmes payé cher notre maison et, à
peine arrivés, on ne vous cache pas que nous étions un peu
stressés que les voisins héritiers ne vendent à un promoteur,
qui aurait tôt fait de construire au maximum le jardin attenant
à notre maison.
Nous espérions voir arriver des voisins sympas,
une petite famille comme la nôtre avec
un ou des enfants pour jouer avec notre fille.
Les héritiers semblaient le souhaiter aussi, nous avaient-ils
dit, et ils ont finalement choisi une dame du nom de
Marjorie Cabanos que j'ai eu le plaisir d'entrevoir un
jour avec son enfant, cueillir les cerises du jardin avec un des
propriétaires à cette date. J'ai rapidement anoncé la bonne
nouvelle à ma compagne : nous avions bientôt des nouveaux
voisins, dans nos âges, avec un gamin ! J'enjoignais Marjorie à
venir sonner chez nous pour faire connaissance. Elle ne le fit
jamais. Je me suis dit qu'elle était de nature réservée.
Quelques échanges de confiture maison et diverses productions
potagères auraient tôt fait de nouer des liens avec nos nouveaux
voisins.
Quelques semaines plus tard, alors que la promesse de vente
était signée, nous avons reçu une lettre de convocation à une
réunion de bornage. C'est une pratique qui consiste à solliciter
les conseils de géomètres pour vérifier la surface et les
mitoyennetés exactes du terrain à acheter. Mais cette
convocation était sollicitée à la fois par
Marjorie Cabanos ET la société Immo Futur. Après une
recherche rapide, je constate que l'activité de cette société
est “marchands de biens immobiliers”. Très surpris, j'appelle
les héritiers pour leur demander de quoi il retourne. Ceux-ci me
disent que Marjorie Cabanos se fait aider de son
parrain Jean Luc Flemmard dont c'est le métier. Allons soyons
crédules, ce bornage est peut-être en effet un réflexe
professionnel.
Suite à ce courrier, je décide de faire quelques recherches
(google est mon ami) sur Marjorie Cabanos et constate
qu'elle travaille dans la communication, s'occupe entre autres
de la communication de son compagnon.
Elle est même investie dans une association de défense du littoral et a
organisé des collectes de déchets sur les plages. Bref, ce
serait un plaisir de les accueillir dans le voisinage !
Par acquis de conscience, j'appelle le bureau des géomètres et
je tombe d'abord sur quelqu'un qui me dit que le dossier porte
sur le lotissement d'un terrain à bâtir de 250 m2 (je ne suis
pas sûr de la surface exacte, mais c'est l'ordre de grandeur).
Je ne sais pas s'il s'est trompé ou si c'était une information
qui n'aurait pas dû me parvenir, mais ensuite personne n'a voulu
me la confirmer. Nous voilà donc convoqués pour une réunion de
bornage pour laquelle on se pose beaucoup de questions.
Lors de cette réunion, nous retrouvons donc
Marjorie Cabanos
et faisons la connaissance de Jean Luc Flemmard. L'ambiance est
distante, nous sommes dans le début de la crise du
COVID 19 donc il n'y a rien d'étonnant à ce que tout le monde
soit un peu tendu. Tout le monde porte un masque, et je ne parle
pas uniquement de celui en tissu.
Jean Luc Flemmard ne nous parle pratiquement pas et quitte la
réunion avant la fin.
Marjorie Cabanos, elle, en réponse à nos questions,
nous rassure quant à ses intentions: elle va habiter dans cette
maison, dans quelques mois le temps que les travaux se fassent,
elle connaît le quartier, elle a son fils à la crèche d'à côté.
Elle me demande quelles sont les pièces de notre maison qui ont
un vis à vis sur son jardin, elle me dit qu'elle envisage de
faire construire un hangar à bateau sur la parcelle.
Je lui dis que j'aimerai bien discuter un
jour du mur mitoyen pour peut-être le végétaliser ensemble avec
des espèces qui nous arrangent tous.
Marjorie et moi échangeons nos numéros à la fin de la
convocation.
Quelques semaines plus tard, n'ayant aucune nouvelle ni des
propriétaires, ni de nos hypothétiques nouveaux voisins, je
passe un coup de fil aux héritiers. Ils m'apprennent que la
maison est effectivement vendue, comme prévu … à un petit détail
près néanmoins, les acheteurs n'ont pas eu leur prêt ... mais ont
substitué un autre acheteur, le jour de la vente, sans les prévenir,
en la personne de Lucien Parpaing ... les bras m'en tombent.
Encore une fois Google est mon ami, à qui je demande qui est ce
Lucien Parpaing et, vous l'aurez maintenant deviné : c'est un
promoteur immobilier. Notre pire crainte se confirme, tout
simplement. En prenant pour prétexte une histoire de SCI
familliale, Marjorie Cabanos et son "parrain" avaient
fait aposer une clause de substitution d'acheteur à la promesse
de vente. A la surprise des vendeurs, le jour de la vente,
devant le bureau du notaire, c'est un promoteur qui s'est
présenté pour acheter.
Quelques nouvelles recherches sur Marjorie Cabanos me
dirigent sur son compte LinkedIn qui a aussi changé ! En effet,
si lors de ma première recherche, elle était dans la
communication, maintenant elle affiche être "Chargée de
développement immobilier" en Freelance depuis octobre 2019. Le
pot aux roses était dévoilé, bien trop tard pour nous pour
supplier les vendeurs de ne pas vendre à ces personnes ou même leur
proposer un autre acheteur. Le plan était parfait.